Une recette du bonheur au travail ?

Un article de Marie-Hélène Billwatsch - 2 juillet 2019

 

Le travail représente 8 ans et demi de notre vie, 38 % de notre activité. Ne vaut-il pas la peine de le voir du bon côté ?

Laurence Vanhee, "papesse" du bonheur au travail, était au centre de l'Atelier ABCi du 26 avril 2019 consacré à cette thématique "Happycratie ou Happycrisie". Nous voulions en effet mettre en perspective cette "obligation du bonheur" qui est parfois ressentie comme une injonction dans nos entreprises et organisations.

Notre membre Marie-Hélène Billwatsch était présente à cet Atelier. C'est elle qui a pris la plume pour nous présenter ce résumé, merci !

Un monde du travail en pleine mutation

Le monde du travail change. Il est volatile, incertain, complexe et ambigu. Un concept repris par l’acronyme VUCA dont nous parlions récemment sur ce blog.

Quelle est l’origine de ces changements ? Ils proviennent de 3 facteurs, selon Laurence Vanhée : la rareté des ressources (tant naturelles qu’humaines ou financières), la globalisation du monde (nous pouvons être joignables à tout moment) et la révolution de l’information et des technologies. Nous sommes envahis par la surinformation, la multiplication des canaux numériques.

En 2030, on prévoit que le nombre de robots dépassera celui des hommes…

Quelles sont les conséquences de ces profondes modifications ? Le burnout fait des ravages : 19 000 personnes en sont victimes aujourd’hui en Belgique. On constate une augmentation de 17 % entre 2014 et 2017. Le dirigeant n’est plus celui qui sait ni celui qui maitrise les processus. Il n’est plus compris et ne comprend plus. Une perte de sens de son travail s’installe.

Quelles réponses apporter ?

Laurence Vanhee nous livre des pistes de solutions. Elle nous encourage ainsi à développer au sein des organisations un monde collaboratif et agile, à innover avec frugalité et surtout à remettre l’humain au centre des préoccupations.

Reconnectons-nous à soi pour retrouver du sens dans notre travail au quotidien. Il n’est pas question d’abandonner l’interconnectivité mais connectons-nous avec intelligence.

Les gains du bonheur au travail

L’organisation a tout intérêt à rendre son personnel heureux. Des études scientifiques indiquent qu’un salarié heureux est :

  •  2 fois moins malade
  •  6 fois moins absent
  •  9 fois plus loyal
  •  31 % plus productif
  •  55 % plus créatif

Quid du bonheur au travail ?

Chacun apportera sa propre conception de ce qui le rend heureux au travail. C’est avant tout une affaire personnelle. Mais l’organisation peut créer les conditions optimales pour qu’il se développe en chacun de nous.

Voici les ingrédients de base communs à chaque recette du bonheur :

  •  Partager une vision commune et un projet
  •  Instaurer un climat de confiance
  •  Donner du sens à son travail
  •  Développer un sentiment de liberté et d’autonomie
  •  Mener une réalisation personnelle
  •  Mesurer les progrès et les résultats
  •  Recevoir un feedback de ses collègues, de sa hiérarchie
  •  Travailler en équipe
  •  Retrouver la confiance en soi
  •  Se connecter

La performance et le bonheur au travail reposent ainsi sur 6 piliers, nous livre Laurence avec enthousiasme :

  •  la confiance en soi
  •  l’autonomie
  •  la mission
  •  les résultats
  •  la contribution
  •  la connexion

Un beau schéma, oui… Mais comment le mettre en pratique ?

Laurence Vanhee présente un exemple de transformation qu’elle a favorisée en tant que Chief Happiness Officer : la Sécurité sociale.

Un organisme sclérosé : 1500 fonctionnaires et contractuels avec le taux le plus élevé de départs à la pension et aucun attrait à l’extérieur pour recruter.

Que faire devant cette stagnation ?

Un mot d’ordre : changer la culture. Un déménagement de l’organisation a conduit à une profonde transformation de son identité : un autre lieu, un autre esprit… Le défi ? Devenir une organisation agile, sexy et happy !

Réinventer les conditions de travail

  •  Chaque employé décide où, quand et comment travailler
  •  Ma liberté s’arrête là où commence celle de l’autre
  •  Une fixation collective des objectifs
  •  Les leaders sont des facilitateurs et communiquent de façon inspirante
  •  Une cocréation des valeurs au travail

Les processus sont simplifiés et se résument en une formule choc : KISS - Keep it simple, short and sexy 

Cette réforme permet l’épanouissement personnel basé sur les trois principes de l’ikigai. Mon travail se situe au cœur de :

  • ce que je fais bien
  • ce qui est utile à l’organisation
  • ce que j’aime faire

Elle s’accompagne aussi d’une transformation de la culture de leader :

  • Arrêter de motiver les équipes mais faire confiance
  • Arrêter de gérer le personnel mais apprendre à les aimer
  • Réfléchir à long terme pour avoir une vision
  • Arrêter de travailler mais prendre plaisir
  • Arrêter de se plaindre mais innover

Voici des principes essentiels pour donner du sens, veiller à l’engagement des équipes, cultiver les émotions positives et développer la reconnaissance.

Et cela marche !! Après 18 mois seulement, le succès de l’opération est fulgurant :

  • + 20 % de productivité
  • + 500 % de candidatures spontanées
  • + 88 % de taux d’engagement

Des freins ?

Bien sûr, tout changement rencontre des résistances. On est face à un ancrage des certitudes, des peurs légitimes, la pression sociale, la lutte des égos…

Comment les désamorcer ? Ne pas se décourager. Écouter les peurs, les blocages et organiser des ateliers pour rassurer.

Faire preuve d’humilité, de générosité et d’engagement. Montrer l’exemple et commencer avec des ambassadeurs qui porteront le projet. Informer des petits pas franchis et des moindres progrès réalisés est aussi primordial.

Le mot de la fin : On a tout ce qu’il faut en nous pour vivre une transformation réussie.


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