Un mémoire de terrain : le coin cuisine d'un hôpital

Un article de l'équipe ABCI - 27 mars 2019

 

Coralie Waeyenbergh a reçu le 21 mars le Prix ABCi 2019 de la meilleure recherche en communication interne, pour son mémoire sur les espaces d’expression en milieu hospitalier. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur Coralie et sa recherche.

Comment est venue l'idée de ce sujet de mémoire ?

D'une part, j'ai toujours conçu la communication depuis un angle "humaniste", c'est-à-dire que je considère que la communication doit, en premier lieu, chercher à améliorer une situation donnée, à dissiper les malentendus et à aider les gens

D'autre part, la problématique des risques psychosociaux, et en particulier du burn-out, m'interpelle énormément et démontre que nous allons droit dans le mur si nous n'y changeons rien. Je ne peux pas concevoir que ce soit "la norme" de se sentir dépassé(e) et démotivé(e) dans son travail, surtout si l'on considère qu'on y passe la majorité de sa semaine !

C'est d'autant plus vrai pour ce qui est du personnel infirmier. Dans son documentaire "Burning-out, dans le ventre de l'hôpital", le réalisateur Jérôme Lemaire a réussi à mettre des mots sur cette préoccupation propre au monde hospitalier en disant qu'il ne comprenait pas "comment il était possible qu'à l'endroit même où des personnes soignent des autres personnes, le travail lui-même puisse engendrer la maladie".

Je trouve en effet perturbant et incompréhensible de se dire que les personnes exerçant un des métiers où il est le plus "facile" de trouver du sens soient également les premières personnes à ne plus pouvoir entendre parler de leur travail sans trembler.

Passées ces réflexions, j'ai voulu me rendre sur le terrain et rédiger un mémoire qui offrait ne fut-ce qu'un début de piste à l'amélioration de ce problème, au cas où quelqu'un se sentirait interpellé et serait intéressé d'appliquer les recommandations qu'il contient à son lieu de travail.

Peux-tu décrire l'espace de parole observé à l'hôpital ? À quoi ressemble-t-il ? Y as-tu toi-même passé du temps dans le cadre de ton mémoire ?

L'espace de parole que j'ai observé est en réalité un simple "coin cuisine" mis à disposition des membres du personnel infirmier d'un service donné. Il contient donc tout ce que l'on peut attendre d'une cuisine : table, chaises, frigo, machine à café, etc.

C'est également un lieu qui sert de coordination aux équipes, dans la mesure où c'est à cet endroit que les remises de service entre infirmiers/ères ont lieu. À cet effet, il contient aussi un tableau de répartition des tâches, des consignes générales et un planning.

Enfin, et surtout, c'est un lieu dans lequel les membres du personnel infirmier se retrouvent pour parler, discuter de tout et de rien, de leur week-end, mais aussi de leurs problèmes. C'est un lieu qui est nécessaire à la construction d'un sentiment d'appartenance à une équipe. Il n'est donc pas étonnant d'y retrouver des photos de groupe, des souvenirs ou des photos personnelles apportées par chacun(e).

Il est très exigu, et pourtant, rempli à craquer tous les jours. Dans le cadre de mon mémoire, j'ai eu la chance de pouvoir y entrer et d'observer, pendant plusieurs semaines, la façon dont le personnel s'appropriait cet espace.

Quel est ton sentiment d'avoir reçu le prix de l'ABCi ?

Je suis à la fois fière que mon mémoire ait une durée de vie plus longue que le simple temps de la rédaction et de la défense, honorée de recevoir un prix de l'Association Belge de la Communication interne qui est un acteur de référence dans le domaine de la communication.

Je suis également heureuse que la visibilité offerte à ce mémoire, via le prix de l'ABCi, engendre par conséquent de l'attention sur la problématique des risques psychosociaux, à fortiori dans le milieu hospitalier, un thème qui m'est très cher et qui, je l'espère, sera au centre des discussions dans les prochains mois.

Où travailles-tu à présent ?

Depuis septembre 2018, j'ai la chance d'être engagée comme Chargée de Communication pour le Conseil économique et social de la Région de Bruxelles-Capitale. C'est un job que je trouve passionnant, car il me permet de faire énormément de rencontres et, surtout, d'avoir une vue d'ensemble sur tous les projets et toutes les initiatives destinés à faire de Bruxelles une ville où il fait "bon vivre".


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